Raviver le désir à la ménopause

Bathsheba Huruy

Publié il y a 3 semaines

22.05.2025

Partager

Quand la fin des règles s'accompagne d'une baisse de libido, la testostérone peut offrir une solution. Mais son usage est encore marginal.

Depuis septembre 2023, des patchs de testostérone spécifiquement conçus pour les femmes ménopausées sont en développement au Royaume-Uni. Une avancée qui pourrait permettre une administration plus précise de l'hormone, adaptée aux besoins des femmes, et relancer l’intérêt pour son usage dans le traitement de la libido à la ménopause.

Un désir en berne

La ménopause peut entraîner une série de bouleversements corporels, des bouffées de chaleur à la fatigue en passant par les sautes d'humeur. Mais pour certaines femmes, ce sont aussi leur désir sexuel et leur libido qui sont impactés. «Cette baisse peut se traduire par l'absence de pensées ou de fantasmes érotiques, voire par un manque d'élan sexuel», explique Georgios Papadakis, médecin associé au service d'endocrinologie du CHUV. 

En cause: l’arrêt de l’activité ovarienne qui entraîne une chute des œstrogènes – responsables notamment des bouffées de chaleur et des sueurs nocturnes – ainsi qu’une diminution de la testostérone, une hormone jouant un rôle dans la libido féminine. «Ce déclin hormonal, bien que souvent progressif et discret, peut altérer le désir sexuel», souligne Lothaire Hounga, chef de clinique en médecine de la fertilité et endocrinologie gynécologique au CHUV.

Lorsqu'une perte de libido persistante altère la qualité de vie, un traitement à base de testostérone peut être envisagé. Cette hormone agit directement sur le cerveau en stimulant la zone du désir. Cependant, sa prescription reste rare et n’intervient qu’en dernier recours, après l’échec d’autres approches comme l’hormonothérapie œstrogénique, la sexothérapie ou le travail sur la relation de couple. «Ce n’est pas un traitement destiné à toutes les femmes ménopausées, avertit Georgios Papadakis. Il concerne uniquement des patientes sélectionnées avec précaution, non-fumeuses, au mode de vie sain, et chez qui la perte de libido persiste malgré d'autres interventions.»

Une médication encadrée

Bien que l'efficacité de la testostérone sur la libido féminine soit documentée, ses effets secondaires à long terme, notamment les risques cardiovasculaires, restent incertains. Sa prescription n'est envisagée qu'après une évaluation médicale rigoureuse. «Il est crucial d'impliquer les patientes dans le processus décisionnel en leur exposant ces incertitudes», précise l’endocrinologue. Un essai de trois à six mois est réalisé et poursuivi uniquement si une amélioration de la vie sexuelle est constatée. Une attention particulière est portée à la dose d'hormones administrée afin de prévenir tout signe de virilisation, comme l'augmentation de la pilosité sur le visage et le corps, l'acné ou encore l'élargissement du clitoris, ajoute le médecin.

Aujourd’hui, les traitements à base de testostérone pour les femmes reposent sur des formulations destinées aux hommes, adaptées à des doses plus faibles. «Un patch ou un gel dédié permettrait d’administrer une quantité contrôlée de testostérone, réduisant ainsi le risque de surdosage», explique Georgios Papadakis. Il reste toutefois prudent: «Certaines femmes pourraient bénéficier de cette avancée, mais son impact sur la santé devra encore être suivi de près.»

Quid des autres symptômes de la ménopause ?

Les bouffées de chaleur et les sueurs nocturnes sont les symptômes les plus connus, mais la ménopause s’accompagne aussi d’autres désagréments. Notamment, les troubles de la concentration, la sécheresse vaginale ou encore l'incontinence urinaire. Avant d’envisager un traitement médical, adopter une hygiène de vie équilibrée peut faire la différence. «Une activité physique régulière permet d’atténuer significativement ces symptômes», explique Lothaire Hounga. Limiter l’alcool et les excitants comme le café contribue également à un meilleur confort au quotidien. Si les troubles restent invalidants, l’hormonothérapie – traitement de référence – peut compenser la baisse des œstrogènes. Toutefois, elle n’est pas adaptée à toutes, notamment en cas d’antécédents de cancer du sein ou de maladies cardiovasculaires. Des alternatives existent, comme certains traitements à base de plantes, comme la cimifemine, qui offrent aussi un soulagement efficace.

Hormones / Sexualité