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SE LEVER TÔT NUIT À LA SANTÉ DES ADOS
Publié il y a 2 semaines
09.01.2025
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La société américaine de pédiatrie recommande que les cours ne débutent pas avant 8 heures pour les jeunes entre 12 et 15 ans et pas avant 8 heures 30 entre 15 et 18 ans. On entend souvent que les adolescent-es ont besoin de se lever plus tard pour des raisons physiologiques. Est-ce un mythe ou une réalité? «Effectivement, lorsqu’ils et elles se lèvent trop tôt, les jeunes risquent de subir une privation de sommeil, ce qui entraîne de la fatigue et des difficultés de concentration, assure Virginie Bayon, médecin associée au Centre d'Investigation et de Recherche sur le Sommeil (CIRS) du CHUV.» En cause: un décalage de l'horloge biologique, une transformation directement liée aux modifications hormonales.
«Ce phénomène se produit dans toutes les cultures. Et on l'observe aussi chez les autres mammifères. D’ailleurs, quand on enlève les gonades -les organes reproducteurs- à un animal, la période de sommeil n'est pas décalée à la puberté». Généralement, ce décalage apparaît vers 13 ans, un peu plus tôt pour certaines filles, et atteint un pic entre 15 et 18 ans, avant de s'atténuer puis disparaître. Des projets pour adapter les horaires scolaires sont en cours à Lausanne et ailleurs en Suisse. «Les études montrent qu’avec le changement d’horaire, les jeunes ne se couchent pas plus tard et qu’ils dorment globalement plus.»
Des changements physiologiques
Que se passe-t-il exactement? La mélatonine, qui facilite l’endormissement, est sécrétée par le corps plus tardivement qu’auparavant. En général, cette hormone est libérée avec l’obscurité. Sa concentration dans le sang augmente en fin de journée pour être à son paroxysme au milieu de la nuit. Comme la mélatonine a des propriétés de vasodilatation, elle participe à la baisse de la température corporelle, ce qui donne envie de dormir. Si ce phénomène se produit plus tard, comme c’est le cas à l’adolescence, l’endormissement sera repoussé et l’ensemble du cycle circadien chamboulé.
Une seconde explication est que le jeune doit être en état d’éveil sur une durée plus longue avant de ressentir l’envie irrésistible de se glisser dans son lit. En effet, la pression de sommeil, c’est-à-dire la durée d’éveil nécessaire avant de pouvoir s’endormir, s’accumule plus lentement à l’adolescence. Ce ralentissement bouscule le processus homéostatique, qui permet l’équilibre entre l’état de veille et celui de sommeil. Malgré tout, la durée de sommeil recommandée reste entre huit et dix heures par nuit pour les 14-17 ans. Enfin, la structure du sommeil est également remodelée. En début de nuit, le sommeil devient moins profond. «À partir de 13 ans, la proportion de sommeil lent profond chute de 30%.»
L'impact des écrans et excitants
À ces bouleversements physiologiques majeurs s'ajoutent des facteurs externes qui retardent l'endormissement, telles que les boissons excitantes et les activités en soirée (devoirs, sports, etc). Aussi, l'usage du smartphone ou de l’ordinateur le soir a un effet particulièrement délétère sur le sommeil: d'une part, la source lumineuse à proximité du visage freine la montée de la mélatonine (en particulier chez les ados); d'autre part, ces appareils nécessitent des interactions digitales, ce qui maintient le réveil cognitif. Ces écrans devraient être éteints au moins une heure avant le coucher.