Les premières femmes médecins

TEXTE:

AMÉLIE PUCHE, IHM

Publié il y a 1 an

18.12.2023

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Pour la première fois, la portée et le sens du projet de «médecine féminine» qui s'est développé entre 1867 et 1939 sont étudiés.

Comprendre ce que les premières femmes médecins ont collectivement apporté aux théories et aux pratiques de la médecine de leur temps et visibiliser ces pionnières ainsi que leurs travaux, voilà l’ambition du projet Medif. Intitulé «La médecine féminine. Une histoire des premières femmes médecins et de leur contribution à l’innovation médicale entre la Suisse francophone et la France, 1867–1939», le projet a démarré en septembre dernier au sein de l’Institut des humanités en médecine. 

Les premières femmes médecins étaient formées presque exclusivement en France ou en Suisse, seuls pays à ouvrir largement leurs portes aux étudiantes de médecine en Europe occidentale dès 1867. Par contre, les femmes rencontraient de nombreux obstacles durant leur parcours. Par exemple, celles qui officiaient jusque dans l’entre-deux-guerres, étaient considérées, aux yeux de leurs confrères, comme des concurrentes leur volant leurs postes et leur patientèle. Elles ont ainsi dû s’organiser collectivement et constituer des réseaux composés majoritairement de chercheuses, comme celui sur l’étude de la sexualité financé par Marie Bonaparte. Ce groupe, dont le projet Medif étudiera les travaux, cherchait à rendre visible la vision des femmes sur leur propre corps et leur sexualité. Cet exemple incarne le projet de «médecine féminine», développé et diffusé par ces femmes médecins de France et de Suisse, initiative dont le sens et la portée n’ont jamais été étudiés jusqu’ici. L’analyse des manuels de santé rédigés par ces femmes, outils d’élaboration et de diffusion de la « médecine féminine », permettra de restituer l’étendue du projet élaboré par ces pionnières. 

Lever le voile sur les premières femmes médecins permettra de retracer quelques carrières féminines exemplaires. « Mais plus que les figures individuelles, c’est la pensée collective de ces pionnières qui sera mise en exergue grâce à une cartographie de leurs réseaux », nous explique l’historienne de la médecine Amélie Puche. En outre, Medif cherchera à comprendre pourquoi et comment le rôle de ces femmes reste méconnu. Une analyse des mécanismes d’invisibilisation à l’œuvre, touchant aussi bien la personnalité (et même souvent le nom) de ces médecins que leurs travaux, sera alors produite. 

Ce projet de recherche, financé pour quatre ans par le FNS, est porté par deux corequérant∙e∙s, Aude Fauvel et Rémy Amouroux, une post-doctorante, Amélie Puche, et deux doctorants, Alix Vogel et Mikhaël Moreau ; et mobilise deux partenaires, Joëlle Schwarz (Unisanté) et Aurélien Ruellet (Université du Mans).

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