Actualités du CHUV

Cinq SNSF Starting Grants 2024 pour la FBM

Publié il y a 2 semaines

28.11.2024

Partager

Parmi les 61 projets retenus pour les Starting Grants du Fonds national suisse 2024, cinq sont menés par des chercheur·euses de la Faculté de biologie et de médecine de l’UNIL. Le montant total des financements s'élève à environ CHF 9 millions.

Valeria Cagno, Florent Mazel, Elham Nourani, Felix Rietmann et Anca-Cristina Sterie sont les cinq lauréat·es des SNSF Starting Grants 2024 de la Faculté de biologie et de médecine (FBM).

Depuis 2022, le Fonds national suisse (FNS) attribue ces financements en tant que mesure transitoire couvrant les prestigieux financements européens ERC Starting Grants en raison du statut de la Suisse en tant que pays tiers non associé au programme Horizon Europe. L’appel étant ouvert à toutes les disciplines et thématiques et aux scientifiques de toute nationalité, les candidat·es peuvent demander un budget allant jusqu’à CHF 1,8 millions pour une période de cinq ans. La subvention permet aux lauréat·es de diriger un projet de recherche ainsi qu’une équipe de scientifiques de manière autonome en Suisse.
 

Valeria Cagno: Le code viral dans le viseur

Experte en virologie, Valeria Cagno poursuivra ses recherches à l’Institut de microbiologie du CHUV, où elle est installée depuis 2021 grâce à une bourse Ambizione (FNS). Après un doctorat en Italie et des postdoctorats à Genève et à l’EPFL, elle continue son chemin de scientifique indépendante à Lausanne en menant le projet «VISTA: Viral inhibition through structure targeting of RNA» qui commencera le 1er janvier 2025.

Ce projet vise à identifier de nouvelles molécules antivirales ciblant l’architecture tridimensionnelle de l’ARN des coronavirus et rhinovirus. En s’appuyant sur des modélisations computationnelles en combinaison avec des analyses en laboratoire, Valeria Cagno a pour objectif de découvrir des composés capables de se lier aux conformations de l’ARN viral pour en perturber la fonction. «Nous sommes au tout début de comprendre comment l’ARN viral se replie dans les cellules infectées. Cette approche pourrait identifier des traitements prometteurs, reposant sur un mécanisme d’action inédit», précise la virologue.

Le SNSF Starting Grant doté de CHF 1'731'422 permettra à la chercheuse de recruter deux doctorant·es et de financer des outils expérimentaux nécessaires pour valider ces nouvelles pistes thérapeutiques.


Florent Mazel: Évolution à deux 

Florent Mazel continue également son parcours de chercheur indépendant à Lausanne. Depuis 2020, le spécialiste en génomique du microbiote intestinal des mammifères mène ses recherches à l’UNIL, après une thèse en écologie à l'Université de Grenoble (France) et un postdoctorat en microbiologie au Canada. Son projet «Evolution of the gut microbiota» débutera au Département de biologie computationnelle (DBC) de l’UNIL en 2025.

Son but est d’examiner l'évolution des bactéries intestinales, ledit «microbiome» qui joue un rôle clé pour notre santé. Pour cela, Florent Mazel souhaite répondre à des questions encore peu étudiées, telles que: le microbiote évolue-t-il, à quel rythme et dans quelles mesures? Avons-nous coévolué avec nos bactéries intestinales? Quels sont les impacts de ces interactions sur notre santé? «Notre approche repose sur une méthodologie de génomique multidisciplinaire, combinant des suivis de la micro-biodiversité en milieu naturel avec des expériences contrôlées en laboratoire», décrit-il.

Grâce au SNSF Starting Grant à hauteur de CHF 1'758'773, le biologiste pourra mettre en place un groupe de recherche dédié à ce projet, notamment en engageant un·e doctorant·e et un·e collaborateur·trice postdoctoral·e. 

Elham Nourani: Apprentissage en volant

Spécialiste en écologie comportementale, Elham Nourani rejoint la FBM depuis l’Institut Max-Planck du comportement animal et l’Université de Constance (Allemagne), où elle était postdoctorante depuis 2018 après avoir obtenu son doctorat au Japon. Elle entamera le projet «Behavioral ecology of expertise development in the wild (BEWILD)» au sein du Département d’écologie et évolution (DEE) de l’UNIL le 1er janvier 2026.

Ses recherches ont pour objectif d’analyser comment les animaux sauvages acquièrent la maîtrise de comportements complexes. En utilisant des traceurs avancés et des techniques de modélisation, la chercheuse et son équipe suivront le vol plané des aiglons royaux, une technique permettant aux grands oiseaux de se déplacer sans consommer trop d’énergie. Observer les jeunes aigles permettra de caractériser leur apprentissage du vol, ainsi que les facteurs qui l’influencent. «Les résultats donneront un éclairage sur le développement de compétences cruciales pour la survie des animaux et faciliteront la prédiction de leurs réponses face aux changements environnementaux. Cela aura des implications importantes pour les efforts de conservation», explique Elham Nourani.

Doté de CHF 1'797'950, le SNSF Starting Grant permettra à la jeune chercheuse de constituer son équipe de recherche indépendante, d’acquérir des outils de suivi pour les oiseaux et de financer les recherches menées sur le terrain.

Felix Rietmann: Il était une fois un·e enfant malade

Le 1er juin 2025 marquera le début du projet «Pediatric Drugs since 1945: From Local Practice to Global Politics» mené par Felix Rietmann à l’Institut des humanités en médecine (IHM) du CHUV et de l’UNIL. Médecin et historien avec un intérêt particulier pour la santé pédiatrique, il arrive à Lausanne depuis l’Université de Fribourg, où il a mené un projet Ambizione (FNS) depuis 2021, après des études en médecine ainsi qu’en histoire à Berlin, Toulouse, Paris, Londres, aux États-Unis (Princeton) et au Canada (McGill).

À l’IHM, Felix Rietmann explorera l’histoire des médicaments pédiatriques en Suisse depuis le milieu du XXe siècle afin de mieux comprendre les dynamiques ayant façonné leur réglementation. «Mieux saisir ces liens historiques entre la pratique clinique, les politiques réglementaires et l’économie pharmaceutique est essentiel pour éclairer les débats actuels sur la sécurité et l’efficacité des traitements pédiatriques», dit le chercheur. Aujourd’hui, de nombreux médicaments pour enfants sont prescrits hors AMM (autorisation de mise sur le marché), ce qui pose des questions par rapport à leur sécurité, dosage et réglementation. Pour répondre à ces enjeux, le scientifique décortiquera des archives de rapports médicaux, de documents juridiques, d’articles de presse et de supports promotionnels.

Le financement du FNS à hauteur de CHF 1’734’465 permettra à Felix Rietmann non seulement de recruter deux doctorant·es et un·e postdoctorant·e, mais aussi de soutenir des voyages d’archives, la numérisation de documents clés et l’organisation de conférences.


Anca-Cristina Sterie: Interagir pour soigner

Sociologue de la santé, Anca-Cristina Sterie poursuivra ses recherches à la Chaire de soins palliatifs gériatriques et au Service de soins palliatifs et de support du CHUV. Dès le 1er janvier 2025, elle y commencera son projet intitulé «Interaction as Care: Investigating and improving interaction between people living with advanced dementia and professionals caring for them». Forte de douze années d’expérience dans l’étude de la communication en milieu médical, la scientifique s’intéresse particulièrement aux enjeux des interactions avec les personnes en fin de vie.

Son projet aborde un défi majeur: maintenir une relation humaine, respectueuse et significative avec les personnes atteintes de démence. En valorisant leurs ressources et compétences relationnelles, Anca-Cristina Sterie désire améliorer leur qualité de vie tout en réduisant la charge émotionnelle des soignant·es, comprenant des proches aidant·es et des professionnel·les de la santé. «Une interaction adaptée peut préserver le sens de l’identité des personnes concernées et alléger la pression ressentie par les professionnel·les », souligne-t-elle. À partir d’enregistrements vidéo réalisés en milieu familial, hospitalier et en EMS, la chercheuse examinera les interactions entre personnes avec démence et leurs soignant·es afin de révéler des compétences d'interaction particulières de la part des professionnel·les de la santé. Ces données serviront ensuite à concevoir un programme de formation pratique.

Le financement obtenu à hauteur de CHF 1'745'152 permettra à la sociologue de recruter des collaborateur·trices scientifiques, d’offrir une rétribution aux sites partenaires impliqués dans le projet et de mettre en place le programme de formation novateur.


Délai de soumission SNSF Starting Grants 2025: 15 janvier 2025